Le Puy en Velay - Saint Jean Pied de Port


Ma préparation depuis mai 2017

 

L'idée de faire le Chemin de Compostelle est arrivée progressivement en quelques années. En 2017, je décidai donc d'expérimenter ce Chemin sur cinq jours (un peu plus de 100kms) depuis le Puy en Velay jusqu'à Aumont Aubrac.

 

Afin d'éviter les ampoules, j'entrepris de me durcir la peau des pieds par application d'une lotion tous les matins après la douche pendant trois semaines (lotion dont je ne ferai pas de publicité sur la marque; attention ce n'est pas la crème de la même marque; cette lotion est connue des milieux sportifs et peut être remplacée par du jus de citron).

 

Mon sac allégé au maximum (voir détail dans Mes conseils), en mai 2017 je me lançais sur les chemins de la Haute Loire et de l'Aubrac.

 

A l'issue de ces cinq jours, je vis à quel point le Chemin est une véritable institution avec des codes et des rituels où pratiquants et non pratiquants une religion, femmes, hommes de tout âge, sont complètement libres de faire ce qui leur plaît. Dans le respect et l'écoute de chacun, le Chemin s'adresse aux populations du monde entier qu'elles soient sportives, spirituelles, religieuses ou autres. J'ai pu discuter avec des français, japonais, suisses, allemands, autrichiens, québecquois, bref le tour du monde (ci-contre quelques photos de personnes rencontrées).

 

Muni du Miam Miam Dodo 2017, avec des étapes entre 20 et 25kms, la facilité déconcertante pour trouver un gîte pour dormir me confortait sur l'idée de faire tout le Chemin dès que possible. Trouver de la nourriture sur le Chemin est tout aussi aisé. La logistique réglée, on peut tranquillement se consacrer à l'écoute des autres, causer et faire des rencontres.

 

L'absence de problème corporel (ampoules, tendinite, périostite, etc) m'indiquait naivement que le Chemin jusqu'à Santiago ne devait être que la répétition de cette semaine. Au bémol près que marcher deux mois et marcher une semaine ne sont pas la même chose; mon parcours 2018 me ramènera à une humble réalité malgré ma préparation que l'on aurait pu qualifier d'acceptable.

Le Puy en Velay
Le Puy en Velay
Autrichiennes et japonais
Autrichiennes et japonais
Lida Kenzo, japonais, 71 ans
Lida Kenzo, japonais, 71 ans


Chemin 2018

Je prévoyais deux mois maximum pour faire tout le Chemin. Je craignais la chaleur en Espagne; aussi, la meilleure période était de partir mi-avril pour arriver mi-juin. De même j'avais planifié de prendre le chemin nord (Camino Norte), la température devait être moins élevée et le chemin devait être plus varié entre mer et montagne avec des dénivelés un peu plus soutenus que sur le Camino Francès.

 

En fait, je suis parti le 20 avril 2018 pour arriver le 9 juin 2018 à Saint Jacques de Compostelle et finalement, sur les conseils du Père André de l'Hospitalet Saint Jacques à Aire sur Adour et compte tenu de mes problèmes de pieds en France, j'ai emprunté le Francès; le temps n'a pas été chaud et plutôt pluvieux et c'était très bien.

Jour 1 - 20 avril 2018 - Le Puy en Velay - Saint Privat d'Allier - 24kms

Après une nuit au Grand Séminaire-Accueil Saint Georges, je suis allé à la bénédiction des pélerins à la cathédrale du Puy en Velay (en 2017 je ne connaissais pas l'existence de cet événement qu'il ne fallait pas rater, croyant ou pas). Nous nous sommes retrouvés à une cinquantaines de pélerins. Après la bénédiction de l'évêque du Puy en Velay, nous sommes partis vers 7H30 sous le soleil. Les premières discussions commençent et des groupes se forment.

Je commence à marcher avec Eric du causse Méjean, Cathy la rochelaise, Jacques le rennais. Au bout d'une à deux heures nous entamons un chemin étroit et soudain j'entends un boum derrière moi; c'est Cathy qui s'est pris les pieds dans une branche et est tombée. Le front a heurté des pierres, nous l'avons soignée avec les moyens du bord; elle en fut quitte pour des hématomes.

Arrivée au gite La Cabourne très agréable vers 14h. Ensuite douche, lessive et une bière en profitant du soleil. Ensuite j'ai pris un peu de temps pour lire avant le repas du soir vers 19h30 puis au lit vers 21h.

Jour 2 - 21 avril 2018 - Saint Privat d'Allier - Saugues - 19kms

Nous sommes un groupe d'une dizaine de personnes. Il fait beau et la température est clémente. Arrivée au gite de la Margeride.

Jour 3 - 22 avril 2018 - Saugues - Le Sauvage - 19kms

Nous arrivons au gite du domaine du Sauvage situé à 1300 mètres d'altitude. C'est un lieu mythique et historique qu'il ne faut pas manquer car cette ferme fortifiée en granit était la Dômerie des Templiers du Sauvage. Elle a été restaurée par une association qui maintient ce lieu en hébergeant des pélerins et en assurant un service de restauration avec des produits locaux.

 

Nous discutons autour d'un verre avec Philippe le parisien, Francis de Saint-Etienne, Emilie la Suisse, Cathy la rochelaise émigrée de Bayonne, Jacques le rennais et enfin les Québecquois Johanne, Patrick et Clovis. Bruno de la Rochelle prend la photo.

Jour 4 - 23 avril 2018 - Le Sauvage - Aumont Aubrac - 29kms

Côté météo, nous avons démarré sous une pluie de 30mn qui ne nous a pas mouillé sinon que du soleil dans la journée et ensuite une bonne averse en fin d'après midi après être arrivés à la Ferme du Barry.

 

A noter que ce gîte propose un aligo maison dont c'est la spécialité. Cependant, j'avais quelques réserves de nourriture et surtout des fruits, aussi ce soir je décidais de manger sans demi-pension. Dans ce cas et comme dans beaucoup de gîte, il convient d'attendre que le repas du soir soit terminé pour investir la cuisine et la table du gîte.

 

En ce qui concerne la santé, ma condition physique et les pieds étaient au zénith, donc tout allait bien ...

Jour 5 - 24 avril 2018 - Aumont Aubrac - Nasbinals - 27kms

A cette époque de l'année au coeur de l'Aubrac, les paysages sont magnifiquement peuplés de fleurs et principalement de jonquilles mais on peut voir des genêts, des primevères et d'autres fleurs. Par contre les vaches d'Aubrac ne sont pas présentes dans les champs car il faut attendre fin mai.

Notre groupe d'une dizaine de personnes se retrouve au gîte Nada de Nasbinals qui ne propose pas de demi pension. Jacques et Francis entreprirent de trouver un restaurant proposant un menu pélerin (environ 15 euro). Ce soir, étaient présents Patrick, Cathy, Eric, Francis, Clovis, Jacques, Emilie, Bernard, Philippe et Johanne. Nous savions déjà que le groupe allait se scinder à partir de demain, certains souhaitant faire plus ou moins de kilomètres par jour.

Jour 6 - 25 avril 2018 - Nasbinals - Saint Côme d'Olt - 33kms

Cette journée était nuageuse sans pluie avec alternance chaud et froid. En chemin, nous arrivons sur une halte pélerin avec eau, café, thé, jus d'orange; chaun se sert et met 1 euro dans la boite. Nous en profitons pour déjeuner et repartons après un café. On reconnaît Cathy et Christian le lyonnais qui seront dans le futur groupe des quatres.

Nous arrivons en fin d'après midi au gîte Del Roumiou d'un très bon acceuil de la part de Sabine et Sylvain. Cathy a choisi un autre gîte. Nous avons un peu de temps avant le diner, aussi, Christian me communique toutes les étapes qu'il a planifié après Cahors jusqu'à Saint Jean Pied de Port. Ce soir, nous avons eu droit à un potage suivi d'une poulet thaïlandais coco et curry puis une salade pour terminer avec une mousse au chocolat. Au diner, nous sommes heureux de retrouver Eric du Causse Méjean; c'est la 2ème fois qu'il fait le chemin et il compte passer par le Camino Norte cette année.

Côté santé, je commence à sentir une douleur au niveau du talon gauche que j'assimile à une tendinite. Je me masse au Voltarène.

Jour 7 - 26 avril 2018 - Saint Côme d'Olt - Massip - 34kms

Au départ de Saint Côme d'Olt, je m'aperçois que j'ai égaré ma casquette anti-solaire. Et pour ne rien arranger, mes premiers pas de marche sont douloureux; ma tendinite s'accentue malgré le Voltarène appliqué une nouvelle fois au matin. Pourtant je ne portais que 8 à 9kg, mes chaussures avaient été rôdées depuis plusieurs mois avant mon départ  avec une taille et demie en plus par rapport à ma taille normale de pied et je buvais de l'eau. Plus tard dans la matinée, Cathy, Eric et Christian partent devant car je décide de profiter de la traversée d'Espalion pour me procurer des anti-inflamatoires et une nouvelle casquette anti-solaire. Une ordonnance était nécessaire pour la délivrance des anti-inflammatoires (NB : en Espagne, on peut obtenir ces médicaments sans ordonnance). Au centre médical d'Espalion, le médecin conclue à une inflammation mais pas de tendinite, donc tant mieux. Je me procure anti-inflammatoires et casquette et je repars. La première partie de cette étape jusqu'à Estaing est très agréable et longe plus ou moins le Lot. Ensuite, le Chemin m'a semblé assez long pour arriver jusqu'à Massip au gîte à la ferme à l'Orée du Chemin; heureusement ce gîte est confortable et l'on y mange de bons produits locaux. En fin d'après midi, il a commencé à pleuvoir assez fort et une partie de la nuit.

Jour 8 - 27 avril 2018 - Massip - Conques - 22kms

Le matin au gîte l'Orée du Chemin, nous avons eu droit à un petit déjeuner copieux. En chemin vers Conques, nous dépassons un couple d'américains; après l'Espagne l'année dernière, ils ont choisi la France cette année; ils portent un sac de la journée et se font déposer le matin puis récupérer le soir en taxi. Puis nous croisons Sarah la québecquoise qui marche plutôt seule d'un pas soutenu et prendra le Camino Norte en Espagne.

Nous rencontrons également Marcel qui souhaite arriver à Saint Jacques de Compostelle pour ses 80ans. Il prendra le Chemin Francès en Espagne. Il transporte son sac à dos sur un caddy tiré alternativement par un bras puis l'autre. Nous l'aidons à tour de rôle dans les montées. Mais Marcel est un ancien grand sportif et n'aura pas de problème pour aligner les kilomètres car je le retouverai régulièrement jusqu'en Navarre en Espagne.

L'étape depuis Massip est courte et nous arrivons rapidement au village médiéval de Conques qui est magnifique et incontournable. Nous dormons à l'abbaye Sainte Foy-Communauté du Prieuré des Prémontrés qui se trouve derrière l'abbatiale de Conques. Avant d'accéder aux lits, les sacs à dos sont fermés dans un sac plastique avec interdiction de les poser sur les lits; cette mesure de protection est nécessaire afin d'éviter les punaises de lit. Après un diner communautaire chrétien, animé par le Prieur de Conques, Frère Cyrille, et servi par les hospitaliers, nous nous dirigeons vers l'abbatiale à 20H30 afin d'assister aux Complies puis la bénédiction des pélerins suivies par une explication commentée du tympan de l'abbatiale et, enfin, illuminations et orgue joué par Frère Jean.

Jour 9 - 28 avril 2018 - Conques - Montredon - 28kms

Sous un temps variable mais sans pluie, nous arrivons à Montredon au gîte très agréable La Mariotte nouvellement tenu par Jacky Bretagne d'un très bon accueil et très bon cuisinier. Afin d'éviter les punaises de lits, les sacs à dos sont chacun vidés dans un bac avant de monter à la chambre. Après la douche, un lavage machine nous est offert gracieusement. Ensuite, nous nous reposons dans le jardin. Un excellent petit déjeuner nous sera servi le matin avec du très bon pain frais.

Jour 10 - 29 avril 2018 - Montredon - Beduer - 26kms

Le temps est pluvieux. Nous passons Figeac; le Célé est calme par rapport à la crue de janvier 2018. Nous arrivons finalement sous une pluie battante à Beduer Mas de Vergnes au gîte d'étape camping Pech Ibert. Jean-Paul, le propriétaire, connait les besoins des pélerins puisqu'il a été lui-même pélerin : nous lui remettons nos chaussures trempées et nous les retrouvons sèches deux heures après alors qu'il continue à pleuvoir des hallebardes dehors. Nous avons eu encore une fois un excellent repas avant d'aller nous coucher. Christian nous annonce qu'il va augmenter la cadence dans les jours prochains.

Côté santé, Cathy est marquée au visage par ses hématomes (dont l'origine était sa chute après Le Puy en Velay) très impressionants mais sans douleur qui sont passés du front jusqu'autour des yeux; elle porte des lunettes de soleil, donc tout va bien. Quant à moi, avec les anti-inflammatoires et le voltarène, ma tendinite tant à disparaître mais à présent je commence à sentir une pression sous mon ongle d'orteil gauche malgré des chaussures une taille et demie au dessus de ma taille standard; je pense qu'il va sauter.

Jour 11 - 30 avril 2018 - Beduer - Saint Jean de Laur - 27kms

Le temps est pluvieux et se refroidit. Nous traversons Cajar puis nous arrivons à Saint Jean de Laur sous la pluie au gîte les Deux Pigeonniers. Nous faisons sécher nos affaires tant bien que mal près d'une cheminée qui ne fonctionnera qu'une partie de la nuit. Il n'y a pas de wifi proposé par le gite et le gsm fonctionne très difficilement. Nous repartîmes le lendemain matin avec quelques vétements humides qui devront continuer à sécher sur le sac à dos si le temps le permet.

Jour 12 - 1er mai 2018 - Saint Jean de Laur - Mas de Vers - 31kms

Nous traverson Bach et un panneau donne quelques indications de distance; au 12ème jours nous avons déjà marché environ 300kms mais la route est encore longue jusqu'à Santiago. Aujourd'hui le temps est nuageux mais cette fois sans pluie. Nous arrivons au gite très confortable de Poudally tenu par Elsa et Manu.

Mon orteil me fait mal au niveau de l'ongle; une poche d'eau s'est formée et créée une pression. Je décide de percer l'ongle afin de libérer la poche d'eau; je récupère un trombone que je désinfecte, puis porté au rouge avec un briquet, je perce et libère l'eau; l'opération indolore me soulage.

Jour 13 - 2 mai 2018 - Mas de Vers - Labastide-Marnhac - 32kms

Le temps a basculé avec le soleil et 2 degrés à 7h du matin. Au coeur du Quercy, nous traversons Cahors où notre groupe se scinde; Cathy reste avec son mari qui est venu la rejoindre pour faire un bout de du Chemin ensembre. Christian souhaite allonger les distances. J'expédie à domicile  2kg de poids inutile (veste goretex, livres, Miam-Miam Dodo 1ère étape, etc, La Poste, coût 12euro). A Cahors nous croisons Maximilano l'italien artiste peintre en train d'esquisser le pont Valentré. Eric et moi-même arrivons en début d'après-midi à Labastide-Marnhac au gîte Chez Bernie qui est venue nous récupérer à 2km : très bon accueil dans une maison très confortable. Au gîte, nous faisons connaissance de Brigitte de Narbonne; elle me fait découvrir les bienfaits des huiles essentielles et en particulier du caractère anti-inflammatoire de la lavande d'aspic (à ne pas confondre avec la lavande standard); frottement des pieds une fois après la douche et une autre fois le matin puis 2 ou 3 gouttes dans chaque chaussure avant de démarrer. Cette huile se trouve assez facilement en France en pharmacie mais elle est introuvable sur le Chemin en Espagne.

Jour 14 - 3 mai 2018 - Labastide-Marnhac - Lauzerte - 36kms

Aujourd'hui, nous décidons de marcher chacun de notre côté. Le temps est agréable. Nous quittons le Lot et entrons dans le Tarn et Garonne où la partie supérieure reste encore dans la région du Quercy. Dans l'après midi nous nous retrouvons à Lauzerte au gîte très correct Les Figuiers où Christian est de nouveau présent. Maximilano arrive plus tard après avoir passé 2 ou 3 heures à dessiner le pont Valentré de Cahors; il nous montre son cahier de dessins déjà presque complet de sites et monuments du Chemin depuis le Puy en Velay.

Jour 15 - 4 mai 2018 - Lauzerte - Boudou - 38kms

Le temps est variable sans pluie. Mon orteil gauche est douloureux et ma tendinite est toujours présente; mes chaussures sont trop petites pour des distances au delà de 10 jours de marche, il aurait fallu 2 tailles au dessus, et je pense déjà à changer de chaussures lorsque je serai à Saint Jean Pied de Port. Aussi aujourd'hui, je décide de marcher avec mes sandales. Christian également a mal au devant du tibia comme une tendinite et ne peut supporter le ryhtme qu'il avait prévu au départ (je ne le sais pas encore mais je subirai ultérieurement ce même problème qui est en fait une périostite). Nous croisons un pigeonnier du Quercy puis le Chemin passe devant l'abbatiale de Moissac. Enfin, nous longeons le Tarn et avant de traverser Boudou, nous dominons le point de confluence avec la Garonne. Après Boudou, les sources présentes sur les derniers kms du Chemin rendent le sol très boueux sans possibilité de tangente; une séance de nettoyage des pieds et sandales a été nécessaire à l'arrivée au gîte La Pugnale; Jenny et Brian, les propriétaires du gîte, sont très agréables et le repas du soir fut excellent.

Jour 16 - 5 mai 2018 - Boudou - Miradoux - 29kms

Ce matin, le Chemin longe le canal latéral à la Garonne (qui alimente Golfech) avant de traverser les jolis villages d'Auvillard et Flamarens. J'ai marché toute la journée avec mes sandales sans aucun problème. Christian, quant à lui, a toujours son tibia douloureux particulièrement en seconde moitié de parcours. Nous sommes arrivés à Miradoux au gîte Bonté Divine.

Jour 17 - 6 mai 2018 - Miradoux - La Romieu - 36kms

Christian prévoit d'allonger les distances et décide de filer jusqu'à Condom. Avec Eric nous décidons de se retrouver à La Romieu. Donc aujourd'hui je marche seul. Au matin je traverse le joli bourg de Lectoure. La température a brusquement monté et il fait chaud. Le chemin devient impraticable en sandales parce que boueux. Je décide de contourner. Grosse erreur, je marche sans chaussettes ce qui crée une grosse ampoule plantaire très douloureuse. Pour ne rien arranger la matrice d'ongle de mon gros orteil gauche ne semble pas en bon état. J'arrive au gîte très correct Le Couvent où je retrouve Eric et Brigitte que nous avions rencontrée à la Bastide-Marnhac. A la vue de mon orteil, Pascal, le responsable du gîte et qui en a vu passer de toutes les couleurs, me propose aimablement de m'emmener demain matin au CHU de Condom qui est sur le Chemin afin de faire vérifier mon orteil. Le gîte ne propose pas de repas, aussi nous dînons au restaurant et menu pélerin en extérieur sur la petite place très agréable de La Romieu.

Jour 18 - 7 mai 2018 - La Romieu - Montréal du Gers - 29kms

Je me fais conduire par Pascal au CHU de Condom; de son passé de responsable de gîte, il me raconte que le plus étonnant qu'il ait vu fut un homme de 93 ans qui a fait le chemin jusqu'à Santiago. Le personnel soignant et le médecin de garde du CHU ont été remarquables (désinfection par injection de bétadine sous l'ongle puis pansement et antibiotique; j'avais déjà en prescription des anti-inflammatoires pour mon début de tendinite, etc). Je sors du CHU avec une ordonnance de plus et une poupée autour du gros orteil, donc impossible de remettre mes chaussures mais avec mes sandales et chaussettes cela ne pose pas de problème; c'est d'avantage mon ampoule plantaire qui est douloureuse en début de marche. Je cherche une pharmacie dans Condom afin de me procurer seringues et héxomédine et pouvoir répéter soir et matin pendant 5 jours la séance du CHU; je dispose à présent d'une vraie pharmacopée. Je cherche une nouvelle paire de chaussures plus grande mais je ne trouve pas ce qu'il me conviendrait : chaussures basses sans Goretex et semelles épaisses. Je visite la cathédrale de Condom puis je retrouve Eric. Après un petit café, nous partons vers le sud jusqu'au gîte Les Remparts situé sur la jolie place de Montréal du Gers. Nous retrouvons une nouvelle fois Brigitte.

Jour 19 - 8 mai 2018 - Montréal du Gers - Manciet - 28kms

Je pensais avoir fait le tour des problèmes de pieds avec ma tendinite qui était en train de se terminer, mon orteil gauche mal en point et mon ampoule plantaire, mais non. Cette étape va être le début d'un autre souci jamais rencontré dans mon passé de randonneur : la périostite du tibia. Donc au matin, après m'être soigné le pied gauche, nous démarrons avec un beau soleil. Au bout d'une heure, je laisse Eric et Brigitte partir devant et souhaite gérer mon rythme au mieux. Malgré mes problèmes de pied, je me sens en pleine forme, pas de problème musculaire. Avant Eauze le Chemin emprunte l'ancienne voie de chemin de fer partant de Montréal du Gers. Le Chemin est donc plat et je marche de manière très soutenue. Après une heure ou deux, une vive douleur apparaît sur la face avant de mon tibia gauche que j'assimile à défaut à une tendinite; chaque pas est ressenti comme un violent coup de bâton sur le devant du tibia. Des étangs d'élevage de poissons apparaîssent à 3 kms avant la fin de la journée. J'arrive très doucement à Manciet et je rejoins Eric et Michel, un ancien compagnon de route d'Eric, au bar du village autour d'une bière. J'annonce que je dois ralentir le ryhtme en réduisant à une dizaine de kms par jour, le temps que s'estompe ma pseudo tendinite; cela signifie que nous devrons nous séparer. Puis, nous rejoignons le gîte "Le Chemin Enchantant" anciennement chez Mathieu; Brigitte a filé vers un autre gîte car il faisait froid et chez Mathieu n'a pas souhaité ouvrir avant 16 heures. Après quelques échanges par téléphone avec mon épouse sur mon problème de tibia, j'en conclus à une périostite. La cause est en fait classique et ce problème est courant au marathon ou au trail (d'ailleurs, Christian a eu également une périostite après Cahors et d'autres du groupe du départ auront ce type de problème); en fait sur le Chemin, après les 300 premiers kms de montées et déscentes depuis le Puy en Velay, on se retrouve sur du plat et c'est là que les problèmes commencent parce que l'on est en forme musculairement et que l'on marche trop vite; si l'on ne connaît pas les premiers symptômes, la périostite s'installe; il faut donc se connaître et adapter immédiatement sa vitesse de marche. Une périostite très forte peut se traduire par un arrêt complet de toutes activités pendant plusieurs jours voir plusieurs semaines.

Jour 20 - 9 mai 2018 - Manciet - Nogaro - 16kms

Au matin après un au revoir, Eric quitte le premier le gîte. De mon côté, je prends mon temps, je me soigne : orteil, ampoule, périostite avec du gel Voltaren et mes anti-inflammatoires. Je suis plutôt satisfait car je n'ai plus de douleur du tibia mais je maintiens ma décision d'une étape de 10 kms aujourd'hui, c'est à dire Nougaro. Je cherche la balise du chemin derrière le gîte et ne vois pas celle qui traverse un pont en face du gîte. Je pars et me force à marcher lentement malgré les réflexes qui sont là. Au bout d'une heure environ, un doute s'installe car j'avais l'impression d'avoir vu ce paysage d'étangs. En effet après consultation de ma carto, je me rends compte avec désespoir que j'étais parti dans le mauvais sens, donc 3kms + 3kms de plus, cela fera nécessairement 16kms pour aller jusqu'à Nogaro. A Nogaro vers 13H, j'arrive au gîte communal de Nogaro réservé la veille. Les parties communes sont accessibles; je prends une douche et je mange un morceau. Dans l'après midi, d'autres pélerins arrivent et en particulier Marcel et son chariot à roulettes, le pélerin de "presque" 80 ans que nous avions rencontré avant Conques. Nous échangeons sur nos aventures respectives depuis Conques; j'apprends qu'il fut footballeur professionnel et qu'il en est à son 2ème Compostelle. Le gîte est propre, fonctionnel et les bénévoles hospitaliers très à l'écoute des pélerins. En fin d'après midi je file me ravitailler au supermarché du coin puis en soirée je me concocte mon repas et dîne avec les autres pélerins. Aline de Limoges arrive la nuit dans le dortoir au milieu des autres pélerins à moitié endormis.

Jour 21 - 10 mai 2018 - Nogaro - Aire sur l'Adour - 32kms

Le soleil est présent et je n'ai plus de douleurs de périostite. La prochaine étape est Barcelonne sur Gers ou Aire sur l'Adour dans les Landes. En chemin, je croise Aline par deux fois. Ma périostite reprend, je relentis le pas. Je termine à Aire sur l'Adour. Je n'avais rien réservé, j'atteris au premier gîte venu à l'hôtel de la Paix qui dispose de dortoirs pour pélerins. Je retrouve Marcel à nouveau avec son chariot à roulettes. La douleur persiste tout l'après midi et j'envisage de ne pas marcher demain. Entre temps, Cathy m'informe que malgré ses problèmes de pieds elle n'est pas très loin derrière moi à Lane Soubiran.

Jour 22 - 11 mai 2018 - Aire sur l'Adour - Aire sur l'Adour - 500m

Au lever, ma douleur de périostite est très vive même sans avoir commencé à marcher. Je déjeune et sors de l'hôtel. Le soleil est radieux. J'erre dans les rues d'Aire sur l'Adour et je boite, la douleur est trop vive et je suis obligé de m'arrêter. Le moral au plus bas, je commence à consulter un convoiturage sur mon smartphone pour un retour à domicile. Puis je regarde mes messages et je tombe sur celui d'Eric transmis la veille me conseillant l'Hospitalet Saint Jacques où il a séjourné deux jours auparavant. Il est 8 heures du matin, j'appelle. Je tombe sur une personne qui me dit : "Viens quand tu veux, nous allons voir cela". L'Hospitalet est à 300 mètres en sortie de la ville en montant sur la gauche. J'arrive dans un endroit très lumineux, très agréable, baignant dans la verdure. Il est tenu par le prêtre orthodoxe André et sa femme Odile. Ils m'offrent une boisson et me présentent à Constantin, un autre pélerin en repos pour 24 heures à cause d'une tendinite derrière le genoux. J'explique mon aventure et le prêtre André me dit que je peux rester la journée et cette nuit. J'accepte volontiers me laissant complètement guidé. Le prêtre André me raconte à son tour qu'il a effectué sept fois le Compostelle par le Francès et qu'il a décidé d'ouvrir ce gîte avec Odile il y a plusieurs années afin de soigner les pélerins. Tout le long de la journée, il donnera beaucoup de conseils sur les soins et nouritures à privilégier pour un pélerin; il m'informe également de l'existence de son site internet www.saintjacques-hospitalet.fr où se trouvent beaucoup d'informations utiles faites d'expériences sur les gîtes à privilégier jusqu'à Santiago. Après avoir pris possession de mon couchage, le prêtre André me consulte, palpe mon tibia gauche et diagnostique effectivement une périostite; il me dit que demain je repartirai et là l'espoir renaît de pouvoir continuer. Il applique sur le tibia une huile essentielle de sa fabrication, puis applique une poche de glace, et enfin il me conseille de relever la jambe en étant allongé; il me précise qu'il refera ce soin dans l'après midi et qu'il posera un emplâtre chinois pour la nuit. Entre temps, il me conseille également d'acheter une paire de semelles intérieures en pharmacie car une des causes probables de ma périostite serait une épaisseur insuffisante des semelles de mes chaussures. Aussi, je redescends au centre ville et la pharmacienne en voyant mon orteil me conseille de consulter un médecin une seconde fois; avec bienveillance, elle me prend un rendez vous pour la fin de matinée. Finalement, le médecin m'indique que mon orteil est en bonne voie de guérison; par contre, je dois maintenir les antibiotiques. 

Il fait très beau; aussi, avec le consentement du prêtre André, je propose à Cathy, en transit vers midi à Aire sur l'Adour, de venir me rejoindre et picniquer ensemble dans le très agréable jardin de l'Hospitalet. Après nos retrouvailles, nous échangeons; Cathy a également des problèmes aux pieds et à la cheville, elle n'est plus sûre d'aller jusqu'au bout, en tout cas elle compte faire une halte de 2 ou 3 jours à Bayonne en famille. Après avoir déjeuner, elle repart vers le sud. Je passe l'après midi tranquillement à me reposer, lire en écoutant du Mozart et à me faire soigner jusqu'en soirée. Lors du dîner, nous sommes 5 pélerins et le prêtre André. Nous apprenons encore beaucoup de choses sur le Chemin : le choix des voies jusqu'à Santiago, l'ultime étape Fisterra ou Muxia et enfin le passage du col à Saint Jean Pied de Port. Au départ du Puy en Velay, je prévoyais la voie del Norte, mais le Francès serait préférable pour un premier Compostelle parce que plus riche en histoire et les températures des deux voies sont comparables  (en effet, subir de grosses chaleurs est ma crainte). De même, au moins deux voies sont possibles pour franchir le col de Roncevaux : celle empruntée par 99% des pélerins appelée la route Napoléon (altitude 1400m, 1541m positifs, 723m négatifs) ou celle de Valcarlos (altitude 1065m, 700m positifs, peu de négatifs si l'on prend les bons raccourcis) et qui était l'ancien chemin classique de Compostelle. Au final et afin de m'économiser, je choisirai la voie Francès et le passage par Val Carlos. Après dîner, le prêtre André me pose l'emplâtre chinois et je me couche.

Jour 23 - 12 mai 2018 - Aire sur l'Adour - Miramont-Sensacq - 17kms

Au matin, après avoir remercié le prêtre André pour son accueil, sa bienveillance, ses conseils et tous les soins qu'il m'a prodigués, je repars sur le Chemin du sud qui commence par la montée d'Aire sur l'Adour en sortie de l'Hospitalet Saint Jacques. Malgré toute l'attention du bon prêtre André, ma périosite n'est pas complètement partie mais j'ai le moral remonté par rapport à celui de la veille au matin. Il pleut, je sors la cape. Je marche doucement, un groupe de pélerins me dépasse et me voient avec l'emplâtre que j'avais conservé; ils compatissent et me souhaitent bon courage. Je les retrouverai le soir. Après 3 heures de marche sous la pluie, ma périostite redouble de douleur, ma cheville commence à prendre du volume. Je me traîne sous le vent, la pluie et avec une température qui avoisine les 10°C. J'arrive au gîte communal donativo de Miramont-Sensacq sous une pluie battante. Je suis accueilli par Jacques, un bénévol hospitalier très gentil et ancien médecin. Le donativo est pour le repas du soir et le petit déjeuner. Le sac à dos est mis dans un sac en plastique pour les questions de punaises. Après possession de mon couchage et après la douche, je profite du séchoir électrique du gîte pour faire sécher mes chaussures trempées comme tous les autres pélerins. Ensuite, je file à la cuisine afin de donner un coup de mains pour le repas du soir. Je fais également connaissance de Jeanine une autre bénévole hospitalière qui donne de son temps de congés pour s'occuper du gîte. Je lui parle évidemment de mes histoires de pieds; elle me suggère alors de marcher avec des bâtons afin d'alléger la monture comme on dit et elle me propose alors de me donner une paire dont elle ne se sert plus; elle ne souhaite pas que je la paye et j'accepte son don. Ces bâtons contribueront sûrement à poursuivre. En fin d'après midi, j'échange par téléphone avec Cathy qui est devant sur le Chemin; je reçois également un appel de soutien moral de Christian qui est à une centaine de kms devant moi; pour mon problème de périostite, il me conseille le gel Voltarène 2% plus efficace que le Voltarène standard. En soirée, un apéritif est proposé à la vingtaine de pélerins présents, ce qui nous permet de discuter. Je retrouve des connaissances rencontrées lors des étapes précédentes;  puis nous nous mettons à table. En face se trouve Brigitte d'Angers que je recroiserai ultérieurement. Après le dîner, nous sommes cinq ou six personnes à la vaisselle. Nous passons une soirée très conviviale.

Jour 24 - 13 mai 2018 - Miramont-Sensacq -  Arzack-Arraziguet - 13kms

Après le petit déjeuner, je dis au revoir et remercie encore Jeanine pour le don de ses bâtons. Selon la tradition du gîte et avant le départ, nous tirons les dés avec Jacques pour prédire comment sera la journée (je ne me souviens plus mes prédictions). Ce matin est pluvieux et je démarre avec la cape. Ma périostite est douloureuse, aussi je compte faire une courte étape de 13kms et m'arrêter à Arzack-Arraziguet; j'appelle le gîte communal afin de réserver et assurer la distance. Toute la matinée à l'aide de mes bâtons, je marche très doucement.

Il est courant de croiser des panneaux indicateurs de distances jusqu'à Saint Jacques de Compostelle. Cela permet de relativiser entre ce qui a été parcouru et ce qui reste à faire, mais il ne faut pas s'y fier à l'intérieur d'une étape car elles ne sont qu'indicatives quant à la précision des distances. En effet, quelquefois on a l'impression d'avoir fait un bond de 20kms en une heure alors qu'il n'en est rien. J'arrive vers 12H au gîte. Mon nom et celui de ma chambre apparaîssent sur un tableau disposé à l'entrée. Je prends possession de mon lit, puis je vais en cuisine pour grignoter. Dans l'après midi, je lis tranquillement un livre numérique sur mon smartphone. Dans cette chambre de quatre personnes sans lit à étage, je vois arriver les autres pélerins dont Eric de Paris avec son large chapeau et son "vrai" bâton de pélerin; je le reverrai à l'étape suivante et à Ponferrada en Espagne. Il y a également un jeune prêtre dont je ne connais pas le nom; ce prêtre est très ennuyé parce qu'il s'est fait très mal à la jambe à cause d'une chute depuis un lit à étage. Lors du diner au gîte, je revois d'autres personnes rencontrées à Miramont-Sensacq.

Jour 25 - 14 mai 2018 - Arzack-Arraziguet - Arthez de Béarn - 22kms

Au matin ma périostite est toujours présente. Je démarre tôt. Il pleut du crachin breton. Aujourd'hui, je marcherai encore doucement mais je vais tenter d'allonger les kms et atteindre Arthez de Béarn. Dans la matinée, j'appelle le gîte communal afin d'assurer la distance qui devrait être d'une vingtaine de kms. Je traverse Castillon situé à environ 5 kms de la destination et je croise un superbe chien Terre-Neuve. Par expérience, je n'ai pas peur de ces chiens malgré leur taille imposante car ils sont très affectueux et je lui fais une petite carresse amicale. Et là je suis devenu son copain qu'il faut assister; il commence à marcher avec moi et je le nomme spontanément Loulou de Castillon du Béarn. Au bout d'un km, je lui dis gentiment de retourner d'où il vient car je suis inquiet pour les propriétaires, mais en vain, il continue de marcher au milieu de la route goudronnée et sinueuse du Chemin et où passe une voiture de temps en temps. Les conducteurs d'auto, bloqués par Loulou, klaxonnent, me confondent comme étant le propriétaire du quadritpède et me demandent de bien vouloir le tenir en laisse afin d'avoir le champ libre. La troisième voiture passant, j'informe le conducteur que je ne suis pas le propriétaire du Terre-Neuve; celui ci me répond qu'ils ont l'habitude de voir des chiens suivrent les pélerins et qu'il faut laisser faire, le chien retournera chez lui tout seul.

A 2 kms d'Arthez de Béarn, je m'arrête pour déjeuner, Loulou se couche et m'attend en me regardant manger; il n'accepte même pas le morceau de pain que je lui offre. Puis, il m'accompagne sur les derniers kms  jusqu'au gîte communal où j'arrive vers 13H30 sous la pluie. Devant le gîte, il s'en va tranquillement. Loulou est complètement désintéressé, gentil et bienveillant. Au gîte, Eric de Paris et d'autres pélerins connus étaient déjà arrivés. En fin d'après midi, il pleut toujours des hallebardes et j'essaie de repérer une petite accalmie afin d'aller dans le bourg chercher des fruits, un avocat, du bicarbonate de sodium (conseil du prêtre André de l'Aire sur Adour), du Voltarène 2% (conseil de Christian le lyonnais) et une pizza de pélerin chez le pizzaiolo du coin. Au diner, les pélerins échangent et s'échangent des parts de pizza.

Jour 26 - 15 mai 2018 - Arthez de Béarn - Navarrenx - 26kms

Je m'étais endormi tôt la veille, aussi je me réveille tôt. Après un petit déjeuner à la cuisine, je démarre aux aurores sous un crachin breton. Je traverse le Gave de Pau vers 9H sous un ciel très couvert. Mes douleurs de périostite diminuent sensiblement par rapport aux jours précédents : est ce l'effet du bicarbonate de sodium, du Voltarène 2%, du jus de citron mélangé à l'eau dans ma poche à eau ? J'arrive à Navarrenx vers 14H. Je tente le gîte communal et je me retrouve dans une annexe impersonnelle et froide jouxtant un immeuble en cours de construction; le bruit incessant et strident d'une coupe de métal avec une scie empêche de se détendre tranquillement. Je décide alors de trouver un autre endroit pour passer la nuit et je me retrouve au Cri de la Girafe où j'opte pour une demi-pension. Ce gîte est très bien. Les sacs doivent être laissés au RDC et des corbeilles permettent de porter ses affaires à l'étage où se trouvent des chambres et un dortoir pélerin très confortable. Les lits avec draps sont très confortables. La lavage du linge est offert. Le diner fut mémorable par la qualité des plats (du top chef !) et par la gentillesse des propriétaires Maria et Fabian. Un vrai cocooning. A table se trouve Maëlis de Dijon.

Jour 27 - 16 mai 2018 - Navarrenx - Aroue-Ithorots-Olhaïby - 20kms

Après un copieux petit déjeuner et avnat de partir, nous avons droit à un tampon dessiné et personnalisé par Fabian sur notre crédencial. Je commence à traverser le bourg de Navarrenx. Arrivé sous le porche situé avant le pont surplombant le Gave d'Oléron, je m'aperçois que j'ai oublié mes bâtons. Je fais donc demi tour afin de retourner au gîte situé à l'autre extrémité du bourg et refais ensuite le même trajet ce qui fera 2 kms de plus. Ce matin, le ciel est dégagé et je traverse des paysages colorés de vert et de jaune boutons d'or et qui contrastent agréablement par la luminosité ambiante avec ceux traversés les jours précédents. Je marche doucement afin de ne pas trop réveiller ma périostite qui se stabilise. Dans la matinée, je croise Maëlis qui m'informe être obstétricienne. Nous traversons Le Saison, une rivière qui sépare au nord le Béarn et au sud la Soule, située au Pays Basque. Nous arrivons au gîte à la ferme Landaco situé entre deux collines à 3kms après Aroue; ce gîte est un eco-donativo tenu par Steve et sa compagne Birgit d'origine germanique. En fin d'après midi, nous voyons arriver Brigitte d'Angers. Je l'avais déjà croisée à Conques et à Miramont-Sensacq. Nous discutons et nous apprenons qu'elle également obstétricienne, donc me voilà entouré de deux d'obstétriciennes. Compte tenu de ses contraintes, Brigitte prévoit de s'arrêter à Roncevaux après le col. Nous dinons copieusement et une nouvelle fois avec des plats de qualité basés sur les produits de la ferme cultivés en permaculture.

Jour 28 - 17 mai 2018 - Aroue-Ithorots-Olhaïby - Gamarthe - 30kms

Je petit déjeune en compagnie de Maëlis et Brigitte et je les informe que je prévois une étape assez longue afin de m'arrêter à quelques kms avant Saint Jean Pied de Port (SJPP) où je ne souhaite pas dormir. Je pars le premier sous un ciel sans pluie mais humide entre soleil et nuages. Les noms des villages typiques du Pays Basque, comme Uhart Mixe, les panneaux routiers en double langues français m'indiquent que je suis près de SJPP. A une heure de Gamarthe, je téléphone afin de réserver et la personne du gîte m'informe qu'elle est située à 6kms après Gamarthe; je suis contraint de réserver pour sécuriser le couchage. Je reprends le Chemin passant souvent par des routes. J'en ai plein les pieds comme on dit. Après une heure de marche et parès Gamarthe je passe devant un gîte de France et je sonne à tout hasard afin de demander si éventuellement il n'y aurait pas une chambre de libre pour un pélerin fatigué. Une personne sympathique ouvre la porte et m'informe que normalement elle ne prend pas les pélerins car son gîte est loué à la semaine mais que ses clients se sont désistés et que cela tombe bien. La personne toujours sympathique fait confiance au pélerin que je suis et me donne à disposition un RDC de 150M² quasi neuf et tout confort pour le prix d'un gîte pélerin. Je prends possession d'une chambre; j'ai droit à un plat chaud improvisé pour diner. J'ai de la chance.

Jour 29 - 18 mai 2018 - Gamarthe - Saint Jean Pied de Port - 9kms

Ne pas oublier : Maélis de Dijon et Brigitte d'Angers les deux obstétriciennes

Maximilano l'italien artiste dessinateur

Quentin le jeune

De même, pour passer Roncevault après Saint Jean Pied de Port, il existe deux voies possibles : celle de Napoléon altitude 1400m, 1541m positifs, 723m négatifs ou celle de Valcarlos culminant à 1085m